Lors de la dernière WWDC, Apple a fait sensation avec la présentation de ses nouvelles fonctionnalités, notamment celles basées sur l’IA générative. Pourtant, une annonce en particulier a attiré l’attention des médias spécialisés : la nouvelle application Mots de passe sur macOS Sequoia. Cette application semble être une version intégrée des nombreux gestionnaires de mots de passe tiers comme 1Password et LastPass. Pour beaucoup, cela illustre une pratique controversée souvent reprochée à Apple, connue sous le nom de « Sherlock ». Mais d’où vient ce terme et pourquoi est-il utilisé dans ce contexte ?
L’origine du terme « Sherlock » : un regard sur l’histoire
Le terme « Sherlock » remonte à une histoire bien particulière de l’écosystème Apple. Il tire son nom d’une application de recherche intégrée, Sherlock, qui était une fonctionnalité clé de Mac OS dans les années 1990 et début 2000. En 2002, Apple a introduit Mac OS X 10.2, également connu sous le nom de Jaguar, avec une version améliorée de Sherlock, appelée Sherlock 3.
Sherlock 3 offrait des fonctionnalités avancées pour l’époque, telles que la recherche de cours boursiers, de cartes, et de recommandations de restaurants, le tout dans une interface utilisateur conviviale. Le problème, c’est que ces nouvelles fonctionnalités ressemblaient étrangement à celles d’un utilitaire tiers populaire, Watson, développé par Karelia Software. Watson proposait une interface et des services très similaires, et la mise à jour de Sherlock par Apple a effectivement rendu l’application de Karelia obsolète du jour au lendemain.
Un précédent célèbre
- Sherlock vs. Watson : Apple a intégré les fonctionnalités de Watson directement dans son propre système d’exploitation, rendant ainsi inutile l’achat de l’application tierce.
- Réaction des développeurs : Cet événement a suscité de nombreuses critiques, accusant Apple de concurrencer déloyalement les développeurs indépendants.
- Impact à long terme : Depuis, le terme « Sherlock » est utilisé pour décrire cette pratique lorsqu’Apple intègre des fonctionnalités similaires à celles d’applications tierces dans ses mises à jour de système.
La pratique du « Sherlock » aujourd’hui : des exemples récents
Récemment, Apple a été accusée à plusieurs reprises de faire du « Sherlock » avec ses nouvelles fonctionnalités. Prenons l’exemple de la fonctionnalité Continuity Camera, qui permet aux utilisateurs de Mac d’utiliser l’appareil photo de leur iPhone comme webcam. Cette fonctionnalité a été perçue comme une copie directe de l’application Camo, qui offrait déjà ce service bien avant son intégration par Apple.
Exemples contemporains
- Continuity Camera : La fonctionnalité intégrée a directement concurrencé l’application Camo, réduisant son marché potentiel.
- Apple Plans : Lors de son lancement, cette application a été comparée à Google Maps, avec des fonctionnalités similaires, malgré des débuts difficiles.
- Screen Time : Apple a ajouté cette fonctionnalité pour surveiller l’utilisation des appareils, en concurrence directe avec des applications comme Moment et Freedom.
Le cas de la nouvelle application Mots de passe sur macOS Sequoia
Avec macOS Sequoia, Apple introduit une nouvelle application native de gestion des mots de passe. Cette initiative est vue par beaucoup comme un autre exemple de « Sherlock », ciblant cette fois-ci les gestionnaires de mots de passe tiers. Cette nouvelle application permettra aux utilisateurs de synchroniser, gérer et accéder facilement à leurs mots de passe sur tous leurs appareils Apple.
Cette annonce a soulevé des inquiétudes parmi les développeurs de logiciels tiers. En intégrant ces fonctionnalités directement dans macOS, Apple risque de réduire considérablement la part de marché des applications comme 1Password et LastPass. Ces dernières sont désormais confrontées au défi de se différencier face à une solution native qui sera probablement plus accessible et intégrée plus profondément dans l’écosystème Apple.
Fonctionnalités de la nouvelle application Mots de passe
- Synchronisation sur tous les appareils : Les mots de passe seront synchronisés automatiquement entre iPhone, iPad et Mac.
- Gestion simplifiée : Interface conviviale pour ajouter, supprimer et modifier les mots de passe.
- Sécurité renforcée : Utilisation des dernières technologies de cryptage pour protéger les données sensibles.
Pourquoi cette pratique est reprochée à Apple
Le reproche principal adressé à Apple concernant le « Sherlock » est qu’il semble exploiter son contrôle de l’écosystème pour étouffer la concurrence. En intégrant des fonctionnalités populaires d’applications tierces directement dans ses systèmes, Apple rend ces applications externes moins attractives et, souvent, obsolètes. Ce comportement pose des questions sur la compétitivité et l’équité dans l’écosystème des applications.
Les développeurs indépendants et les petites entreprises technologiques dépendent souvent de leur capacité à innover et à offrir des fonctionnalités uniques pour survivre. Lorsque Apple décide d’intégrer ces fonctionnalités dans ses propres produits, cela peut tuer les initiatives entrepreneuriales et limiter l’innovation dans le secteur. De plus, cela peut dissuader les développeurs de créer de nouvelles applications de peur qu’Apple n’intègre leurs idées dans une future mise à jour, réduisant ainsi leur incitation à investir du temps et des ressources.
Conséquences pour les utilisateurs
- Moins de diversité : Moins de choix d’applications pour les utilisateurs, limitant la possibilité de trouver une solution qui correspond exactement à leurs besoins.
- Innovation freinée : Moins de nouveaux entrants sur le marché des applications, réduisant le rythme de l’innovation.
- Dépendance accrue : Une plus grande dépendance à l’écosystème Apple, rendant difficile la transition vers d’autres plateformes.
En conclusion, bien que les nouvelles fonctionnalités apportées par Apple puissent améliorer l’expérience utilisateur, la pratique du « Sherlock » reste un sujet controversé. Elle soulève des questions importantes sur la concurrence et l’innovation dans le domaine technologique. Pour les développeurs tiers, cette pratique représente un défi de taille, mais elle incite également à redoubler d’ingéniosité pour offrir des produits qui continuent de se démarquer, même dans un paysage dominé par les géants de la technologie.