L’avenir de TikTok aux États-Unis semble de plus en plus incertain. Depuis la signature, le 24 avril dernier, d’une loi par le président Joe Biden, le destin de l’application phare de vidéos courtes, détenue par la société chinoise ByteDance, est en suspens. Cette loi prévoit que ByteDance doit céder TikTok à une autre entité sous peine de voir l’application bannie du territoire américain.
Une course contre la montre pour ByteDance
ByteDance dispose de neuf mois pour se séparer de TikTok, avec une extension possible de trois mois si des progrès significatifs sont jugés satisfaisants par le président. Si ces conditions ne sont pas remplies, le bannissement pourrait entrer en vigueur dès le 19 janvier 2025.
Avant même cette décision, des interdictions ciblées avaient déjà été mises en place. Dans de nombreux États, TikTok a été retiré des dispositifs universitaires et gouvernementaux, à tous les niveaux, qu’ils soient fédéraux, locaux ou d’État.
Une bataille juridique engagée
Face à cette menace, TikTok a riposté. Dès le 7 mai, l’entreprise a intenté une action en justice contre le gouvernement américain, affirmant que cette loi est inconstitutionnelle. Elle argue qu’elle cible une plateforme spécifique, excluant ainsi les Américains d’une communauté en ligne mondiale qui compte plus d’un milliard d’utilisateurs.
Des organisations comme l’American Civil Liberties Union (ACLU), l’Electronic Frontier Foundation et le Knight First Amendment Institute ont également pris position. Elles appellent la Cour suprême à suspendre l’application de cette loi, soulignant qu’elle constitue une atteinte à la liberté d’expression, protégée par le Premier Amendement de la Constitution américaine.
La Cour suprême entre en jeu
La Cour suprême a accepté d’examiner les arguments concernant la possible violation du Premier Amendement par cette loi. Les débats sont prévus pour le 10 janvier 2025, soit à peine neuf jours avant l’éventuelle interdiction. Cette décision marque une petite victoire pour TikTok, offrant à l’application une chance de retarder ou d’annuler le bannissement.
Le cœur du problème réside dans la loi baptisée Protecting Americans from Foreign Adversary Controlled Applications Act, qui vise à interdire les applications détenues par des entreprises basées dans des pays considérés comme adversaires étrangers. ByteDance, en tant qu’entreprise chinoise, entre directement dans cette catégorie.
Les enjeux pour les libertés numériques
Ce cas illustre un conflit majeur entre sécurité nationale et libertés individuelles. Si les autorités américaines invoquent des préoccupations liées à la protection des données personnelles, les détracteurs de la loi y voient une menace pour la liberté d’expression et une mesure excessive.
Les critiques mettent également en lumière le paradoxe : TikTok, tout en étant accusé de risques pour la sécurité, reste un espace central pour l’expression artistique, politique et sociale d’une génération entière.
Conclusion
Le sort de TikTok aux États-Unis est encore incertain, mais il est clair que cette affaire dépasse largement la simple interdiction d’une application. Elle pose des questions fondamentales sur la manière dont un pays peut concilier sécurité nationale, souveraineté numérique et libertés individuelles. La décision de la Cour suprême en janvier sera déterminante, non seulement pour TikTok, mais aussi pour l’avenir de la régulation des plateformes technologiques dans un monde toujours plus connecté.