Sora n’est pas encore prêt pour le grand écran, mais pourrait démocratiser l’industrie du cinéma

Sora n’est pas encore prêt pour le grand écran

L’introduction de Sora, un outil de génération vidéo basé sur l’intelligence artificielle, pourrait marquer un tournant pour l’industrie cinématographique. Bien que cette technologie soit encore en phase de développement, son potentiel pour démocratiser le processus de création intrigue autant qu’il inquiète. Réalisateurs émergents, étudiants et professeurs des plus grandes écoles de cinéma commencent à envisager un avenir où l’IA pourrait transformer la façon dont les films sont produits.

Une nouvelle ère pour les cinéastes indépendants ?

L’un des principaux attraits de Sora est sa capacité à générer des vidéos courtes à partir de simples instructions textuelles. L’outil, disponible depuis février en version pilote et lancé officiellement en début de semaine, permet de créer des clips de 20 secondes maximum ou de modifier des séquences existantes. Imaginez écrire une description comme « des monstres verts sous un orage » et obtenir un fichier vidéo prêt à l’emploi.

Pour des réalisateurs indépendants, cela représente une opportunité de réduire les coûts de développement, par exemple en produisant des storyboards animés ou des « pitch reels » pour convaincre des investisseurs. Michaela Ternasky-Holland, réalisatrice ayant utilisé Sora pour son court-métrage présenté au festival de Tribeca 2024, souligne cet avantage, tout en restant consciente des limites actuelles. « Cela donne une illusion de contrôle, mais derrière, il y a toujours une personne qui dicte les commandes, » dit-elle. Elle rappelle cependant qu’avoir une technologie sophistiquée ne transforme pas un novice en Steven Spielberg.

L’IA dans le processus créatif : entre fascination et scepticisme

Bien que prometteuse, cette technologie n’est pas exempte de critiques. Dana Polan, professeur à l’école Tisch de New York, observe que les outils basés sur l’image, comme Sora, ne suscitent pas la même peur que ceux générant du texte, tels que ChatGPT. Selon lui, le scénario reste souvent perçu comme la pierre angulaire de la créativité cinématographique.

Cependant, l’impact culturel des récits sur l’IA — souvent dépeinte comme une menace dans les productions hollywoodiennes — contribue à la méfiance envers ces outils. George Huang, professeur à UCLA et réalisateur, note que « nous avons intégré l’idée que l’IA va nous remplacer, une peur que Hollywood a elle-même cultivée. »

Sora : encore du chemin à parcourir

Malgré ses promesses, Sora n’est pas encore prêt pour une utilisation massive dans des productions finales. Actuellement, la qualité des images générées souffre encore du phénomène de la vallée de l’étrange, rendant les visuels parfois trop artificiels. De plus, l’outil a du mal à intégrer plusieurs personnages dans une même scène, une limitation notable pour les productions complexes.

Cependant, des technologies similaires, comme celles de Runway, ont déjà fait leurs preuves. Utilisées dans des projets tels que « Everything Everywhere All At Once » ou « The Late Show with Stephen Colbert », elles démontrent comment l’IA peut accélérer le processus d’édition et réduire les coûts.

encore du chemin à parcourir

Une révolution pour les blockbusters et les indépendants

L’un des principaux atouts de l’IA dans le cinéma est sa capacité à réduire considérablement les coûts de production. Cela pourrait permettre à des réalisateurs indépendants de rivaliser avec des productions plus établies. Michael Gilkison, cinéaste basé dans le Kentucky, a utilisé une application gratuite d’IA pour recréer une scène où une voiture est écrasée. « Cela aurait coûté une fortune il y a 20 ans », affirme-t-il.

Cependant, cette réduction des coûts n’est pas sans conséquences. En limitant la nécessité de recruter des figurants ou d’investir dans des décors complexes, certains craignent que l’authenticité des productions en pâtisse. Comme le souligne Gilkison, « tout est une question d’équilibre. »

démocratisation

Une démocratisation, mais à quel prix ?

Pour des étudiants comme Tahsis Fairley, de l’Université Chapman, l’utilisation de Sora ouvre des possibilités infinies pour tester des idées visuelles sans dépenser des sommes astronomiques. Mais il reconnaît également que l’IA est une arme à double tranchant. Si elle simplifie certains processus, elle pourrait entraîner une perte d’emplois, notamment dans des secteurs comme l’animation.

Conclusion : un futur encore incertain

Bien que l’IA cinématographique, incarnée par des outils comme Sora, soit encore en phase d’expérimentation, elle pose les bases d’un nouveau modèle de création. Entre réduction des coûts et démocratisation de l’accès aux outils, elle promet de transformer l’industrie. Cependant, il reste à voir si cette révolution pourra préserver l’âme humaine qui fait la richesse du cinéma. Pour l’instant, Sora semble être un prélude intrigant à un futur encore en cours d’écriture.

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