Après dix années de travail acharné, une équipe de chercheurs chinois a mis au point un procédé capable de transformer du minerai de fer en acier rapide, sans recourir au coke. Là où un haut fourneau classique réclame 5 à 6 heures, le nouveau système promet un métal en fusion… en à peine six secondes.
Une prouesse technologique : acier en quelques secondes
Traditionnellement, la fabrication de l’acier débute par des boulettes de minerai cuites à 1 300 °C, puis chargées dans un haut fourneau où le coke (charbon transformé) sert de réducteur. En 2023, lors d’une visite dans une aciérie européenne, j’avais été frappé par la lenteur et l’intensité énergétique de ce géant d’acier. Ici, le professeur Zhang Wenhai et ses collègues jouent une tout autre partition : ils insufflent de l’oxygène pur dans un flux de fonte incandescent, déclenchant une réaction si violente qu’elle produit immédiatement de l’acier liquide, prêt à façonner.
Un procédé inédit sans coke
Le secret réside dans une lance vortex qui injecte de la poudre de minerai ultra-fin dans un foyer surchauffé. L’explosion chimique qui s’ensuit génère des gouttes de fer quasi-pures, éliminant l’étape de la fonte classique. Mieux encore, ce procédé fonctionne aussi bien avec du minerai à basse teneur, abondant en Chine, qu’avec les concentrés importés d’Australie ou du Brésil. Ainsi, l’aciériste peut réduire sa dépendance aux minerais coûteux et diversifier ses sources.
Des répercussions économiques et écologiques
En éliminant le charbon de la chaîne, ce procédé diminuerait d’un tiers le coût énergétique de la production et réduire significativement les émissions de CO₂, un atout pour atteindre les objectifs climatiques nationaux. Sur le plan industriel, l’efficacité et la rapidité de ce nouveau procédé pourraient renforcer la compétitivité de l’acier chinois sur le marché mondial, notamment dans des secteurs exigeants comme la construction automobile ou les infrastructures high-tech.

