Les drones kamikazes sont devenus l’une des armes les plus meurtrières en Ukraine, terrorisant les civils et déstabilisant davantage un pays déjà plongé dans une guerre totale depuis plus de trois ans. À basse altitude, ces drones volent souvent en direction de cibles civiles, comme des ambulances, des minibus ou même des balcons, là où l’attaque peut causer des pertes humaines considérables. Leur utilisation s’est intensifiée entre février 2022 et avril 2025, et les chiffres sont inquiétants : au moins 395 civils tués et 2 635 blessés, selon un rapport de la Mission de surveillance des droits de l’homme des Nations Unies en Ukraine (HRMMU).
Les drones : une arme de guerre redoutable
Bien qu’ils soient moins puissants que les missiles ou l’artillerie lourde, ces drones sont d’une efficacité redoutable. Peu coûteux et souvent équipés de caméras en temps réel, ils permettent une ciblage précis, ce qui les rend particulièrement dangereux. Leur fréquence croissante d’utilisation, leur imprévisibilité et leur capacité à frapper de manière chirurgicale ont fait d’eux l’une des armes les plus meurtrières de cette guerre. Danielle Bell, cheffe de la HRMMU, souligne que l’ampleur de l’utilisation des drones a changé la donne. Leur capacité à frapper sans avertissement et sans distinction entre militaires et civils fait de cette arme un véritable fléau humanitaire.
Civils et humanitaires pris pour cibles
Une large majorité des victimes civiles recensées dans ce conflit sont situées dans les territoires sous contrôle ukrainien. Cela fait suite aux attaques incessantes menées par les forces russes, mais des drones ont également frappé dans des zones occupées, ciblant des ambulances ou des transports publics dûment identifiés, censés être des zones protégées. Les conséquences de ces attaques ne se limitent pas aux pertes humaines. Dans les villages proches du front, ces frappes ont paralysé les populations locales. L’accès aux vivres est bloqué, les moyens de subsistance sont détruits, et les habitants, déjà épuisés par des années de conflit, se retrouvent dans une urgence humanitaire de plus en plus criante.
Les drones permettent une sélection minutieuse des cibles grâce à la collecte d’images en temps réel. Ce qui aggrave encore la situation, car il devient évident que ces frappes ne respectent pas le droit international humanitaire. Selon la HRMMU, ces attaques violeraient les principes de distinction (qui interdisent de cibler des civils) et de précaution (qui imposent d’éviter les dommages collatéraux excessifs). Dans certains cas, des civils et des biens protégés, comme des véhicules médicaux, semblent avoir été délibérément visés, ce qui pourrait constituer des crimes de guerre.
Une escalade continue des attaques depuis 2023
Le recours aux drones kamikazes a connu une escalade dramatique depuis fin 2023. Après une augmentation progressive de leur utilisation, les frappes ont atteint un pic inédit à l’été 2024. En avril 2025, elles ont continué d’augmenter sans relâche. Un exemple frappant : en juin, un minibus a été touché dans la ville de Kostiantynivka, dans la région de Donetsk. Le conducteur, un homme de 65 ans, a perdu la vie sur le coup. À Kharkiv, un mois plus tôt, une bénévole de 58 ans a été tuée lorsqu’un drone a largué une munition sur le balcon d’un immeuble résidentiel de deux étages. Ces attaques de plus en plus ciblées révèlent une intensité meurtrière croissante et un mépris flagrant pour la vie humaine.
Appel à la justice et à la responsabilité
Pour la HRMMU, ces actes ne doivent pas rester impunis. « Chaque attaque contre des civils ou des humanitaires doit être minutieusement enquêtée », déclare Danielle Bell. Les responsables de ces frappes visant des cibles non militaires doivent être traduits en justice. Le fait de cibler délibérément des civils ou des travailleurs humanitaires, des actes constitutifs de crimes de guerre, soulève des questions sur le respect du droit des conflits armés et sur la nécessité de renforcer la responsabilité internationale.
Le recours aux drones kamikazes n’est pas seulement une évolution de la guerre moderne, c’est un tournant dans la manière de mener des attaques sur des populations civiles. La communauté internationale se doit de réagir face à ces pratiques, en cherchant à réduire au maximum les souffrances humaines, déjà énormes, dans cette guerre.

