C’est une découverte qui pourrait bien rebattre les cartes du jeu mondial des ressources critiques. Dans l’État du Wyoming, un site minier jusque-là destiné au charbon vient de révéler un potentiel inattendu : un gisement majeur de terres rares, validé par une évaluation économique préliminaire. Un tournant aussi bien stratégique qu’économique pour les États-Unis, longtemps dépendants des importations, notamment chinoises.
Une reconversion stratégique pour Ramaco Resources
Ramaco Resources, une entreprise historiquement tournée vers le charbon métallurgique, opère un virage spectaculaire. Son site de la Brook Mine, situé dans le Wyoming, recèle d’abondantes terres rares – ces éléments essentiels à la fabrication d’aimants puissants, de batteries d’équipements électroniques, de voitures électriques ou encore de systèmes militaires de pointe.
Cette transition s’inscrit dans un contexte où les ressources critiques deviennent un enjeu de souveraineté. En validant le potentiel du site, l’étude menée par Fluor Corporation chiffre la valeur actuelle nette du projet à 1,2 milliard de dollars, avec un taux de rentabilité interne de 38 %, avant impôts.
Un potentiel économique et technologique considérable
Selon le rapport, la Brook Mine pourrait produire chaque année environ 1 242 tonnes d’oxydes de terres rares, dont des métaux hautement stratégiques comme le dysprosium, le néodyme ou le scandium. Le dysprosium et le néodyme, en particulier, sont utilisés dans les aimants permanents, notamment dans les moteurs de véhicules électriques et les turbines d’éoliennes.
Le scandium, de son côté, est recherché pour ses propriétés en tant qu’alliage léger avec l’aluminium, utilisé dans l’aéronautique et certaines applications militaires. Le gisement pourrait ainsi couvrir entre 3 à 5 % des besoins américains en aimants permanents.
Un enjeu stratégique face à la domination chinoise
Cette découverte revêt une dimension géopolitique majeure. Aujourd’hui, la Chine concentre environ 85 % de la production mondiale de terres rares. Une position dominante qui lui permet, au besoin, de restreindre ses exportations dans le cadre de tensions commerciales ou diplomatiques.
La mise en exploitation de la Brook Mine permettrait donc aux États-Unis de renforcer leur autonomie stratégique, en réduisant leur dépendance vis-à-vis de Pékin. Une ambition clairement assumée par Randall Atkins, PDG de Ramaco, qui envisage la mise en place d’une chaîne d’approvisionnement nationale : extraction, traitement et transformation sur le sol américain.
Du charbon aux énergies du futur : un virage symbolique
Le passage d’un site charbonnier à une mine de terres rares n’est pas qu’une évolution technique : c’est le reflet des mutations du secteur énergétique mondial. À l’heure où les énergies renouvelables et la mobilité électrique progressent à grande vitesse, la demande en matériaux critiques explose.
En se positionnant sur ce marché en plein essor, Ramaco Resources pourrait non seulement bénéficier d’une croissance économique durable, mais aussi jouer un rôle central dans la transition énergétique américaine.
La Brook Mine est bien plus qu’un nouveau site d’extraction : c’est une carte stratégique que les États-Unis viennent de retourner face au reste du monde. En sécurisant une partie de leur approvisionnement en terres rares, ils entendent reprendre l’initiative dans un secteur-clé pour l’industrie du XXIe siècle. Une annonce qui pourrait, à terme, reconfigurer les équilibres mondiaux de la haute technologie et de l’énergie.
