Un éclat d’un autre temps, venu d’un autre bout de l’univers, vient de relancer la quête des origines cosmiques. Ce signal pourrait bien être la signature de la galaxie la plus lointaine jamais observée, et il fascine déjà la communauté scientifique.
HD1 : un nom simple pour une candidate exceptionnelle
Elle s’appelle HD1, et si les premières analyses sont confirmées, elle deviendrait l’objet céleste le plus lointain jamais observé. Sa lumière aurait voyagé pendant 13,5 milliards d’années, ce qui nous ferait remonter à seulement 300 millions d’années après le Big Bang, à une époque où l’univers n’était encore qu’un nourrisson.
Cette galaxie lointaine, repérée par une équipe internationale principalement japonaise, brillerait d’un rayonnement ultraviolet anormalement puissant, ce qui intrigue fortement les astrophysiciens. Deux hypothèses s’affrontent : soit HD1 abrite les premières étoiles massives, lumineuses et de courte durée de vie, soit elle renferme un trou noir supermassif en pleine activité.
Observer l’univers, c’est voir dans le passé
Regarder loin dans l’espace, c’est aussi regarder loin dans le temps. La lumière de Proxima du Centaure met quatre ans à nous parvenir. Celle d’Andromède, notre galaxie voisine, voyage pendant 2,5 millions d’années. Alors, voir HD1 aujourd’hui revient à observer une lumière émise alors que notre propre galaxie n’existait même pas encore.
C’est toute la magie – et la complexité – de l’astronomie de l’extrême. Et pour s’en approcher, les chercheurs utilisent les décalages vers le rouge : plus un objet est éloigné, plus sa lumière est étirée, glissant de l’ultraviolet à l’infrarouge à cause de l’expansion continue de l’univers. Ce phénomène guide les scientifiques dans la recherche de galaxies primordiales.
Des données fascinantes, mais encore fragiles
Pour identifier HD1, les chercheurs ont utilisé les données combinées de quatre télescopes infrarouges : Subaru (Japon), Vista (Chili), Ukirt (Hawaï), et Spitzer (orbite). Ils ont ensuite sollicité Alma, un radiotélescope de précision, pour capter un signal d’oxygène lointain. Résultat : un léger signal détecté… mais à prendre avec des pincettes.
Car tous les astronomes ne crient pas encore à la révolution. Certains, comme François Hammer, astronome à l’Observatoire de Paris, appellent à la prudence. “C’est prometteur, mais les données sont encore trop fragiles pour tirer des conclusions définitives.”
Même son de cloche du côté de Johan Richard, à Lyon : il évoque un risque de biais de confirmation, les chercheurs ayant précisément cherché le signal qu’ils espéraient trouver.
James Webb, l’arbitre céleste
Heureusement, nous n’aurons pas à attendre longtemps pour en savoir plus. Le télescope spatial James Webb, dernier bijou technologique envoyé dans l’espace fin 2021, est parfaitement équipé pour trancher cette affaire.
L’équipe ayant détecté HD1 a obtenu du temps d’observation dédié. Et selon les spécialistes, quelques poses suffiront à confirmer (ou non) la distance réelle de cette lumière mystérieuse. La réponse pourrait tomber dans les mois à venir.
Que HD1 soit ou non la galaxie la plus lointaine jamais vue, cette chasse cosmique nous rappelle combien l’univers garde jalousement ses secrets. Et combien, malgré nos instruments toujours plus puissants, il nous oblige encore à l’humilité… et à la patience.

