Un vent souffle, des grains de sable s’envolent… et voilà qu’une structure parfaitement ordonnée se dessine. Ce que l’on croyait n’être qu’un jeu du hasard obéit en réalité à une règle mathématique étonnamment constante, présente aussi bien sur notre planète que sur Mars.
Quand les dunes racontent une même histoire, ici et ailleurs
Sur les plages, dans les déserts, et désormais sur les clichés pris par les sondes martiennes, on observe souvent de grandes ondulations sableuses, appelées « mégaondulations » ou megaripples en anglais. Elles se situent à mi-chemin entre les petites vaguelettes visibles au bord de mer et les imposantes dunes désertiques. Leur taille ? Environ quelques mètres de large, mais elles recèlent un secret bien plus grand.
Une équipe de chercheurs de l’Université de Leipzig vient de mettre en lumière une loi mathématique universelle qui s’applique à ces formations. Leur découverte : un rapport quasi constant entre la taille des grains les plus gros (situés à l’extérieur des crêtes) et celle des grains les plus fins (nichés à l’intérieur). Une constante qui semble s’appliquer quel que soit l’endroit où l’on observe ces mégaondulations — que ce soit dans les sables de Jordanie ou ceux de la planète rouge.
Une règle vérifiée de la Namibie jusqu’à Mars
Pour valider leur hypothèse, les scientifiques ont compilé une vaste série de données : des échantillons provenant de sept régions terrestres, incluant la Chine, l’Inde, la Namibie, ou encore l’Antarctique. Mais aussi des mesures prises à distance… depuis Mars, grâce aux images captées par les instruments de la NASA.
Et le résultat est bluffant : à chaque fois, le rapport entre les diamètres des grains reste d’une étonnante cohérence. Cette régularité mathématique, testée également en laboratoire dans un tunnel à vent, confirme que les processus physiques à l’origine de ces structures sont universels. Le vent transporte le sable, trie les grains… et les organise selon une logique naturelle encore insoupçonnée jusqu’ici.

Un nouvel outil pour comprendre le relief martien
Cette loi ne relève pas seulement de la curiosité scientifique. Elle offre un nouvel outil pour mieux identifier les types de formations sableuses observées à la surface de Mars. Certaines d’entre elles, découvertes récemment, intriguent les chercheurs par leur structure et leur origine. Grâce à cette constante mathématique, il devient possible de déterminer plus précisément comment ces dunes ont été façonnées et par quels mécanismes de transport éolien.
Mieux encore : cette règle pourrait aider à reconstituer les conditions climatiques passées de la planète rouge. Car derrière chaque ride sableuse se cache une histoire de vent, d’humidité, de pression atmosphérique… autant de variables précieuses pour mieux comprendre un environnement extraterrestre.
Le sable, cet archiviste discret de l’univers
Au-delà de son aspect poétique, cette découverte rappelle que même dans ce qui semble chaotique et aléatoire, la nature suit parfois des logiques implacables. Une simple dune peut devenir le témoin silencieux d’une physique commune à deux mondes, à plusieurs millions de kilomètres de distance.
Et c’est peut-être là, dans ces ondulations millénaires, que se cache l’un des secrets les plus précieux de la recherche : cette capacité de la science à relier l’infiniment petit – un grain de sable – à l’infiniment grand – une planète entière.

