C’est un revers cuisant pour Moscou. En janvier 2025, l’Ukraine a réussi à neutraliser deux aéronefs stratégiques russes, infligeant l’un des coups les plus douloureux aux forces aériennes du Kremlin depuis le début du conflit. Une opération complexe, menée avec précision, et qui soulève bien des questions sur les capacités tactiques des deux camps.
Une embuscade aérienne millimétrée
Tout a commencé par une série de frappes ciblées. Le samedi 13 janvier, des avions ukrainiens frappent des stations radar russes en Crimée. Objectif : aveugler les systèmes de détection ennemis, et préparer le terrain pour une attaque plus audacieuse. Dans les jours qui suivent, la Russie, bien décidée à poursuivre ses frappes sur les infrastructures ukrainiennes, tente de sécuriser ses bombardiers Su-34.

Pour cela, elle repositionne deux pièces maîtresses de son dispositif : un Beriev A-50, avion de veille stratégique, et un Il-22, appareil de commandement aérien. En les rapprochant du front, ces avions se retrouvent dans une zone à haut risque. L’Ukraine aurait alors déployé ses armes en embuscade, utilisant probablement un savant mélange de systèmes S-300 et Patriot, capables de détecter et d’éliminer des cibles à longue distance.
La manœuvre semble avoir été redoutablement efficace : le A-50 est abattu, l’Il-22 gravement touché parvient à peine à se poser. Ce type de coup tactique, s’il reste encore mystérieux dans ses détails exacts, révèle une chose : l’armée ukrainienne, bien que largement inférieure en nombre, a appris à manier ses moyens avec un redoutable sens de la stratégie.
The destruction of Russian A-50 long-range radar detection aircraft and Il-22 enemy airborne control center was confirmed by the AFU Commander-in-Chief Valerii Zaluzhnyi. pic.twitter.com/fapiKgT0G3
— NEXTA (@nexta_tv) January 15, 2024
Des pertes lourdes pour l’armée de l’air russe
Le Beriev A-50 n’est pas un avion ordinaire. Il agit comme les yeux et les oreilles de l’armée, surveillant l’espace aérien sur des centaines de kilomètres, coordonnant les attaques et anticipant les mouvements ennemis. Quant au Il-22, c’est un poste de commandement volant, essentiel pour maintenir la communication et la cohérence des opérations. Leur neutralisation est une perte stratégique.
Depuis le début du conflit, la Russie n’a jamais totalement réussi à imposer sa supériorité aérienne. Et malgré son avance technologique et numérique, elle essuie régulièrement des pertes embarrassantes. L’efficacité des défenses aériennes ukrainiennes, notamment les batteries Patriot, a été prouvée à plusieurs reprises : en novembre dernier, elles avaient déjà abattu cinq appareils en à peine cinq minutes.
Pire encore, des erreurs internes s’ajoutent aux pertes ennemies. Ces derniers mois, l’aviation russe a bombardé plusieurs fois ses propres territoires, visiblement par manque de coordination ou en raison d’un entraînement insuffisant de ses pilotes. Une situation qui fragilise considérablement son efficacité.
If the Russian A-50 AWACS Radar Aircraft was indeed shot down over occupied Strilkove, it was within range of the PATRIOT PAC-2 surface-to-air missile, if launched from Dnipro’s right bank in the liberated Kherson region close to the frontline. https://t.co/LsGy6qjmMR pic.twitter.com/sZOGQ47czg
— Igor Sushko (@igorsushko) January 15, 2024
Un ciel disputé, clé de la suite du conflit
Le succès de cette opération n’est pas un simple coup d’éclat. Il s’inscrit dans une série de frappes ukrainiennes de plus en plus ciblées, qui visent les infrastructures militaires les plus sensibles : bases aériennes, dépôts d’armes, installations radar. Après avoir sérieusement affaibli la flotte russe en mer Noire, Kiev semble désormais vouloir affaiblir durablement l’aviation adverse.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, lors de son intervention à Davos, l’a rappelé : pour espérer reprendre du terrain, il faut d’abord « gagner la supériorité aérienne ». Mais cette ambition reste suspendue aux livraisons occidentales. L’Ukraine attend encore la livraison d’avions F-16, tandis que des discussions évoquent aussi des Mirage 2000D français ou des A-10 américains.
Mais au-delà du matériel, c’est la capacité à exploiter chaque faiblesse adverse qui pourrait faire la différence. L’Ukraine, avec des moyens limités mais une stratégie affûtée, démontre qu’en guerre, l’intelligence tactique peut parfois supplanter la force brute. Et ce, même face à une puissance militaire comme la Russie.

