Face à un monde toujours plus instable, la France investit massivement dans la modernisation de ses armées. Le cap est donné par la Loi de programmation militaire 2024-2030, qui prévoit 413 milliards d’euros sur sept ans pour renforcer la capacité de dissuasion, anticiper les conflits de haute intensité et faire face aux nouvelles menaces, notamment numériques et spatiales.
Des blindés modernes pour l’Armée de Terre
L’armée de Terre entame une profonde transformation de son parc de véhicules. Les anciens VAB laissent progressivement place au Griffon, un blindé multi-rôle moderne et mieux protégé. Depuis 2019, plus de 1 800 Griffon ont été livrés.
Le parc s’élargit aussi avec le Jaguar, véhicule de reconnaissance et de combat, dont 95 unités sont déjà en service. Le Serval, plus léger, vient compléter cette flotte avec près de 300 exemplaires livrés à ce jour.
Autre point fort : le char Leclerc entre dans une phase de modernisation. Sur les 241 chars en service, 200 seront rénovés à l’horizon 2030 pour rester opérationnels dans un contexte de guerre conventionnelle.
Le retour en force de l’artillerie
Le canon Caesar, déjà éprouvé en Ukraine, est la vedette du moment. La France en a commandé 109 supplémentaires, et les cadences de production ont doublé. L’objectif : être prêt à faire face à un conflit d’intensité élevée, avec un besoin accru en munitions d’artillerie.
Pour compléter, 54 mortiers embarqués sont également en cours d’acquisition, ainsi que 1 110 camions logistiques et 165 camions citernes pour assurer la mobilité et le ravitaillement.
Des Rafale en renfort et de nouveaux moyens aériens
Le ciel français s’étoffe aussi. Fin 2023, 42 nouveaux Rafale ont été commandés pour renforcer l’Armée de l’Air et de l’Espace, tandis que 47 Mirages 2000D ont été rénovés.
En soutien, 15 A330 MRTT Phénix ravitaillent les flottes en vol, et l’A400M Atlas poursuit sa montée en puissance avec un objectif de 37 appareils d’ici 2030. En parallèle, l’espace devient un nouveau champ d’action avec le lancement de satellites patrouilleurs destinés à protéger les intérêts spatiaux français.
Le naval : cap sur le futur porte-avions et les frégates de demain
La Marine nationale se prépare à accueillir le Porte-Avions Nouvelle Génération (PA NG), dont la commande est prévue en 2025. Long de 310 mètres pour 80 000 tonnes, ce navire amiral remplacera le Charles-de-Gaulle. Sa construction mobilisera Naval Group, les Chantiers de l’Atlantique et TechnicAtome, avec un chantier d’accueil déjà en cours à Toulon.
Côté flotte, 5 nouvelles Frégates de Défense et d’Intervention (FDI) viendront renforcer la présence française sur les océans, avec des livraisons prévues jusqu’en 2029. Ces bâtiments hautement technologiques intégreront des systèmes de lutte anti-aérienne, anti-sous-marine et seront prêts pour la guerre cybernétique.
Sous-marins et patrouilleurs : la vigilance sous la surface
Le programme Suffren renouvelle la flotte de sous-marins nucléaires d’attaque (SNA). Deux sont déjà en service, et quatre autres suivront d’ici 2030. En parallèle, la construction du premier SNLE de troisième génération a démarré. Ces bâtiments assureront la dissuasion nucléaire océanique à partir de 2035.
La Marine verra aussi arriver 10 nouveaux patrouilleurs hauturiers, adaptés aux environnements hostiles, capables d’embarquer hélicoptères et drones, et dotés d’une architecture numérique avancée.
Des hélicoptères pour toutes les missions
Les forces spéciales disposeront bientôt de 18 NH90 supplémentaires, renforçant une flotte déjà composée de Caracal, Cougar et Puma. Par ailleurs, 42 hélicoptères H145-D3 FR ont été commandés pour la Gendarmerie et les services de secours, avec une option pour 22 de plus. Ces appareils moderniseront les capacités de sauvetage, surveillance et appui aux forces de l’ordre.
Les drones au cœur de la guerre moderne
Le conflit en Ukraine l’a montré : les drones militaires sont devenus indispensables. La France accélère donc le développement et l’intégration de ces outils. La Marine nationale a acquis huit drones sous-marins autonomes, et l’Armée de Terre renforce l’usage du SDT Patroller, un drone de reconnaissance utilisé par le 61e régiment d’artillerie.
Le drone NX70, fabriqué près d’Aix-en-Provence, est déjà utilisé pour le renseignement, tandis que d’autres systèmes comme le Minirogen participent à la neutralisation d’obstacles à distance.
Côté avenir, Dassault Aviation travaille sur un drone de combat furtif, conçu pour voler en tandem avec le Rafale. Le concept de combat collaboratif prend ici tout son sens.
Une défense sol-air et anti-drone musclée
Pour faire face aux menaces venues du ciel, la France renforce ses systèmes de défense sol-air. Elle passera de 8 à 12 systèmes SAMP/T NG, et augmentera la flotte de VL MICA à 24 d’ici 2035. En complément, 4 systèmes PARADE seront opérationnels d’ici 2026, accompagnés de systèmes laser pour neutraliser les drones hostiles.
La France entre ainsi dans une nouvelle ère militaire, fondée sur une armée plus mobile, mieux équipée et capable de faire face à des conflits de haute intensité. Entre blindés dernier cri, renforts aériens, flottes navales modernisées et montée en puissance des technologies de défense, la stratégie est claire : protéger le territoire, assurer la souveraineté et anticiper les crises. Une armée en mouvement… pour un monde qui ne tient plus en place.
