On les déteste pour leurs piqûres qui grattent, leur petit bourdonnement agaçant en pleine nuit, et leur réputation de vecteurs de maladies graves. Pourtant, derrière cette image de « vampire ailé », le moustique joue un rôle bien plus complexe dans notre écosystème. Et si, au lieu de vouloir leur disparition totale, on apprenait à les regarder autrement ?
Le moustique, ennemi… mais pas toujours
Avant de lui trouver des qualités, remettons les choses au clair : certaines espèces de moustiques sont effectivement dangereuses pour l’homme. Le moustique tigre, aujourd’hui installé sur presque tous les continents, est capable de transmettre le virus Zika, la dengue ou encore le chikungunya. En Afrique subsaharienne, l’anophèle gambiae est le principal responsable du paludisme, une maladie qui tue encore des centaines de milliers de personnes chaque année selon l’Organisation mondiale de la santé.
Ajoutons à cela la fièvre jaune, l’encéphalite japonaise ou la fièvre de la vallée du Rift, et on comprend pourquoi les moustiques figurent en tête de liste des animaux les plus meurtriers du monde.
Un maillon essentiel de la nature
Malgré ce lourd bilan, le moustique n’est pas qu’un bourreau. Il est aussi un maillon indispensable de la chaîne alimentaire. Ses larves nourrissent poissons, batraciens, araignées aquatiques, tandis que les adultes font le bonheur de nombreuses espèces d’oiseaux, de chauves-souris ou même de hérissons.
En prime, les larves participent à la filtration naturelle de l’eau, en transformant l’azote organique en azote minéral, bénéfique aux plantes. En clair, sans moustiques, certaines zones humides auraient bien du mal à conserver leur équilibre. Seule exception notable : dans la toundra arctique, certaines espèces d’oiseaux dépendent presque exclusivement de ces insectes pour survivre pendant la saison de reproduction.
Les moustiques aussi savent polliniser
On les imagine toujours à la recherche de sang, mais la réalité est plus nuancée : la plupart du temps, moustiques mâles et femelles se nourrissent de nectar. Certains participent même à la pollinisation de plantes bien spécifiques, comme le cacaoyer, indispensable à la production de chocolat. Autant dire que sans eux, nos tablettes préférées pourraient se faire plus rares.
Des alliés inattendus pour la science
Les moustiques ne sont pas seulement des sujets d’étude pour la médecine tropicale. Des chercheurs ont déjà testé des méthodes étonnantes pour en faire… des alliés. En 2018, au Brésil, des moustiques tigres stériles ont été lâchés par drones afin de réduire leur population et limiter la transmission de maladies. Résultat : plus de 50 % d’œufs non viables après seulement trois lâchers.
Plus surprenant encore : des scientifiques japonais ont prouvé qu’on pouvait analyser l’ADN contenu dans le sang ingéré par un moustique jusqu’à 48 heures après la piqûre. Une technique qui pourrait, un jour, aider la police à identifier une personne présente sur une scène de crime.
Les aimer… ou au moins les tolérer
On ne vous demande pas de les inviter à dîner (ils viendraient de toute façon non invités), mais de reconnaître que ces petites bêtes, aussi agaçantes soient-elles, jouent un rôle dans la biodiversité. Comme souvent dans la nature, tout est affaire d’équilibre : réduire les populations là où elles menacent la santé humaine, oui, mais vouloir leur disparition totale serait un pari risqué pour notre environnement.
En attendant, rien ne vous empêche de planter quelques herbes anti-moustiques sur la terrasse ou près des fenêtres pour profiter pleinement des soirées d’été. Après tout, vivre ensemble… mais à distance respectable, c’est peut-être la meilleure solution.

